Une expérience riche à Kinshasa

Le texte qui suit fait le bilan des deux années de fonctionnement des clubs Animath au Congo (RDC). Il a été rédigé par leurs animateurs Michée NTAMBUE YAMUTUMBA et Benjamin MUGARU DAWA 

Depuis l’année 2015 Animath, sollicité par l’Association Synergie pour le Développement Intégral du Congo, s’investit avec cette ONG dans l’implantation des Clubs lycéens de Mathématiques au Congo Kinshasa. Les activités de ces clubs Animath sont suivies à distance depuis la France par Jean Pierre Boudine. Le financement des activités a été assuré par l’Ambassade de France à Kinshasa, Animath via le programme Cap’Math, et les lycées congolais concernés. 

Des ateliers de découverte des mathématiques dans un environnement déconnecté des contraintes des classes ordinaires, ont permis aux lycéens de Kinshasa de se libérer des préjugés et de reconsidérer leurs rapports avec les mathématiques qui pour beaucoup paraissaient comme n’ayant pas de « sens ». 

Durant la première année (2015-2016), trois établissements scolaires (Monseigneur BOKELEALE, Collège Saint FREDERIC et Institut de la Gombe II) de Kinshasa ont été touchés par ce programme avec la participation de 42 élèves de la cinquième année scientifique. 

Une école d’été d’une semaine intensive a été organisée à l’Institut Français de Kinshasa en juin 2016, avec la participation active de Jean Pierre Boudine, clôturée par une conférence de vulgarisation des mathématiques. 

Deux enseignants, une lycéenne et un lycéen congolais ont participé à Lyon à l’école d’été internationale « Math en folie » pour lycéens 

Pour la deuxième année (2016-2017), cinq établissements scolaires ont rejoint le programme. Il ya désormais huit clubs rassemblant 102 élèves des établissements suivants : Institut Monseigneur BOKELEALE, Institut de la Gombe II, Institut BOBOKOLI, Collège Saint FREDERIC de Kimbanseke, Collège BOBOTO, Lycée BOSANGANI, Lycée Monseigneur SHAUMBA et Lycée KABAMBARE. 

Toujours sous la supervision de Jean Pierre Boudine, qui suit à distance les activités des clubs ANIMATH de Kinshasa, 87 sujets ont été traités dans l’ensemble de clubs de Kinshasa. 

Une activité interclubs a regroupé ces huit clubs ANIMATH de Kinshasa le 18 mars 2017 dans la salle d’études du Collège BOBOTO, de 12 à 16 heures durant lesquelles une dizaine de sujets ont été traités 

Pour la troisième année en cours, le nombre d’établissements est maintenu à huit pour consolider la philosophie de la diffusion des mathématiques par les activités périscolaires dont sont porteurs les clubs de mathématiques. Une activité regroupant tous les clubs ANIMATH de Kinshasa a été organisée le 02 décembre 2017 au Collège BOBOTO, de 12 à 16 heures. Cinq sujets y furent traités. 

L’action d’Animath au Congo a une très grande portée : 

• Un total de 174 élèves compose les trois promotions de Clubs Animath au Congo (RDC). 

• Environ 50 enseignants ds mathématiques sont sensibilisés et suivent le développement des activités des Clubs Animath et apprennent à donner du « sens » au contenu de leurs cours, 

• 1163 élèves ont pris part à plusieurs séances de diffusion des mathématiques par des conférences animées à Kinshasa.. 

Commentaires par les élèves et leurs professeurs : Des séances-ateliers-découvertes !!! 

Les travaux dans les ateliers ont été des moments merveilleux. Les élèves ont beaucoup aimé ces « maths- là ». Parfois, une à deux heures par semaine leur paraissaient trop peu. Au club des maths on a droit à l’erreur, on peut proposer des pistes, les faire valoir pour autant que ça mène sur la bonne voie, essayer plusieurs fois, interagir avec les amis et l’animateur etc. C’est une vraie initiation à la recherche. 

Des arguments, des échanges, des débats ponctuant toutes nos séances nous ont permis de faire jaillir des compétences mathématiques, surtout la capacité et le désir des élèves d’aller le plus loin possible. Les résultats ont été formidables. Ainsi les élèves du club de 5ème année secondaire ont tous très bien réussi à l’EXETAT 2017 (Epreuve du baccalauréat). Il y en a même un qui a obtenu une grande distinction ! 

En plus des des séances interclubs, nos activités ont été marquées par des grands moments dont l’école d’été de Kinshasa de Juin 2016 accueillie à l’Institut Français de Kinshasa. Jean-Pierre Boudine, qui a fait, pendant 5 Jours, des présentations extraordinaires notamment sur les formes de raisonnement, la logique ainsi que le langage mathématique suivis d’un nombre important d’exercices. Qu’il trouve ici l’expression de notre profonde gratitude. Un atelier d’Ethno mathématique a été animé par Benjamin DAWA (RDC). 

La lycéenne LOLA ZOLA a exprimé en 2O16 son sentiment sur l’école d’été de 2016 : « …. J’ai compris que les mathématiques sont aussi un langage où chaque phrase exprime une idée, annonce un résultat et formule une demande. J’ai compris qu’en mathématique avant de mémoriser une formule et la reproduire lors d’un exercice ou dans un contrôle, il faut déceler la logique qu’elle comporte. Celle-ci se trouve dans chaque donnée, théorème, formule que nous appliquons. Ce n’est qu’une fois cette logique imprégnée que les voiles tombent. La logique nous aide à bien comprendre les énoncés d’exercices. C’est par l’appropriation de cette logique, par la compréhension des mathématiques comme un langage que nous serons à même de donner corps aux théorèmes, axiomes et principes…. » 

Et tout récemment, à la fin de la séance inaugurale d’un club de la ville de Kinshasa, le jeune EMMANUEL : « J’aime beaucoup les maths que je comprends après des difficultés. Ça rend fort ! Les exo paraissaient inaccessibles au départ. Nous nous sommes mis au travail. On a essayé, continué à essayer jusqu’à y voir un peu plus clair. Et finalement, avec des indications on y est arrivé .Personnellement, le club des maths a été une occasion de percevoir autrement l’apprentissage des mathématiques et surtout de dénicher ou de faire éclore des grands talents mathématiques au Congo. Nous espérons que les jeunes ayant connu ces expériences brilleront davantage et pourront se forger plus tard les caractères des vrais chercheurs qui résoudront des problèmes de nos sociétés. 


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