Du 20 au 25 juin 2016.
Organisée à Kinshasa par l’association Synergie Pour le Développement Intégral du Congo , Animath, l’Institut Français, et les trois lycées congolais : Institut Monseigneur Bokeleale, Institut de la Gombe 2, et Collège Saint Frederick.
L’encadrement est assuré par Jean-Pierre Boudine qui avait suivi par Internet les clubs congolais depuis leur création. Voici la première impression reçue d’un des professeurs congolais qui animent ces clubs : « Dès après l’ouverture de l’école par des brillants discours (MM. Patrick DEMOUGIN de l’ambassade, Michée NTAMBUE pour les clubs, et Jean-Pierre BOUDINE) qui nous ont donné beaucoup d’espoirs et de perspectives, nous sommes en train de vivre des moments très intenses et déterminants pour l’avenir des clubs « RDCiens » dans cette école d’été. En effet, par des séances serrées de 3 heures +2 heures /jour, JP Boudine entraîne les étudiants sur diverses formes et manières de raisonner à travers la Géométrie, l’Algèbre et l’Arithmétique. Et surtout comment formuler et communiquer de façon intelligible une découverte. »
Conclusion de JP Boudine dans son compte rendu : « Les jeunes sont très agréables, intelligents, disponibles, ils ont aimé mes maths, ce qui me les rend sympathiques. Le jour du bilan, le samedi, ils se sont exprimés comme des conférenciers, et montrent une maturité incroyable dans leurs remarques et leurs questions. »
Intervention intégrale de Lola, une lycéenne à cette rencontre de bilan, et nous prendrons ce texte pour le bilan de cette école d’été : « De nos jours, que ce soit pour nos parents ou pour nos professeurs, un bon élève se résume à celui qui étudie bien ses leçons, réussit ses contrôles ou encore celui qui a de bonnes notes. Pourtant on ne parle jamais d’un bon élève pour les compétences que la formation suivie lui a permis 2 d’acquérir. Comment expliquer que nous travaillons d’arrache-pied pour maîtriser une formule et réussir à un contrôle, et que 8 semaines plus tard tout ce que nous avons fait nous semble si lointain, et qu’un effort de réapprentissage ou mieux d’actualisation s’avère plus que nécessaire si nous voulons retrouver l’astuce nous ayant aidé à mieux appliquer une formule. Nous étudions donc plus pour réussir nos partiels. Notre système d’enseignement ne nous apprend pas comment allier la théorie reçue au quotidien de tous les jours et encore moins comment développer l’esprit créatif enfoui en chacun de nous.
Il nous est presque impossible d’expliquer, dans un langage simple avec des exemples et des illustrations de la vie de tous les jours, un théorème ou une formule apprise lors d’une leçon. Pourtant A. Einstein, l’a si bien dit : « Si vous ne pouvez pas l’expliquer simplement c’est que vous ne le comprenez pas assez bien », et aussi que « L’éducation est tout ce qui nous reste après qu’on ait oublié ce qu’on a appris à l’école ». Cependant, comment rationaliser les moments passés sur le banc de l’école afin de tirer l’essentiel de notre formation et être en mesure de faire le pont et le lien indispensable entre ce qu’on nous apprend et les situations que nous rencontrons dans notre quotidien. Qu’est-ce qu’un raisonnement, une démonstration, un théorème ? À quoi servent les formules ? Quelle est la différence entre une égalité, une identité et une équation ? Entre l’algèbre et l’arithmétique ? Les mathématiques, à quoi peuvent-elles nous » servir » ? Ont- elles une histoire ? Y a-t-il encore des résultats à découvrir ?
Cette semaine dans cet atelier m’a permis d’avoir une vision différente des mathématiques. De quoi parlent les mathématiques? Quelle est l’astuce pour les comprendre ? Au cours de cet atelier, j’ai compris que le cours des mathématiques est aussi un cours de langue: les mathématiques sont un langage où chaque phrase exprime une idée, annonce un résultat et formule une demande. J’ai compris qu’en mathématique avant de mémoriser à la lettre une formule et la reproduire lors d’un exercice ou dans un contrôle, il faut déceler la chose la plus importante, à savoir la logique qu’elle comporte. Celle-ci se trouve dans chaque donnée, théorème, formule que nous appliquons. Ce n’est qu’une fois cette logique imprégnée que les voiles tombent.
La logique nous aide à vérifier nos résultats, à débloquer un problème, à bien comprendre les énoncés d’exercices. Ce n’est que par l’appropriation de cette logique, par la compréhension des mathématiques comme un langage que nous serons à même de donner corps aux théorèmes, axiomes et principes. Un artiste comédien (Gad el Maleh ) a dit lors d’un de ses spectacles je cite: « Qui peut me dire quel jour où le fait de connaître la racine de carrée de 25 l’a aidé à débloquer une situation dans sa vie ? » Pourtant aujourd’hui, bien que nous ne puissions nous vanter de nous être imprégnés de cette logique dans son entièreté, nous savons qu’avec beaucoup d’effort et de la bonne volonté, nous serons capable, dans un futur proche, d’appliquer ce langage dans les divers aspects de notre vie. Cependant, la véritable question demeure, et celle-ci prive notre esprit de repos : Pourquoi la logique ne fait-elle pas partie de nos programmes ? Pourquoi notre système privilégie le bourrage de cerveau au lieu de développer les compétences, la logique et nous irons plus loin l’imagination créatrice? C’est l’art suprême du professeur (éducateur) de réveiller la joie dans le savoir et l’expression créative. Nous avons le droit de ne pas les aimer, mais c’est beaucoup plus intéressant et captivant quand nous les comprendrons, ces maths. » Lola ZOLA
Deux professeurs et trois lycéens congolais participeront à l’école d’été « Math en Folie » qui se tiendra à Lyon du 22 au 28 août : https://mathinfoly2016.sciencesconf.org/
Organisateur sur place : Michée Ntambue (yamatumba@gmail.com)